Une mission de supervision de haut niveau composée d’experts en matière d’infrastructures de la CEDEAO, du Nigéria et du Cameroun a effectué entre le 1er et le 6 juin 2015 une visite des réalisations du programme de facilitation du transport et du transit sur le corridor routier Enugu-Bamenda.Conduite par Ashoke Maliki, expert en infrastructures routières au département des Infrastructures de la CEDEAO, la délégation comprenait également Morro Fatty, assistant exécutif du commissaire aux Infrastructures de la CEDEAO, ainsi que Henry Usoh, membre de l’équipe de développement du secteur routier au ministère nigérian des Travaux publics.
Partie du Nigéria avec, en son sein, les ingénieurs Anyangwe Princely et Gustave Akono de la cellule BAD/Banque mondiale du ministère des Travaux publics du Cameroun, la mission a aussi, outre la visite des infrastructures, tenu une réunion avec des représentants d’entreprises de construction sur le site d’un futur poste de contrôle juxtaposé (PCJ).
De façon globale, le projet s’inscrit dans le cadre de l’amélioration des relations entre le Cameroun et le Nigéria, suite au règlement pacifique du conflit frontalier de Bakassi, du nom d’une presqu’île du golfe de Guinée, naguère objet d’un sérieux contentieux entre les deux pays, réglé grâce au jugement rendu en octobre 2002 par la Cour internationale de justice.
Dans ce sillage et sur instigation des Nations unies, les deux Etats ont décidé de faciliter leurs échanges à travers la mise en œuvre de ce programme, qui sera financé par plusieurs partenaires techniques et financiers à travers un accord de prêt concédé aux deux pays et un don à la CEDEAO.
Le programme comporte trois composantes principales, dont une dite nationale avec la construction ou la réhabilitation des tronçons Bamenda-Ekok au Cameroun et Enugu-Mfum au Nigéria. Une composante commune consiste en la construction d’un pont sur la Cross River, tandis que la dernière, dite composante régionale, verra la construction d’un PCJ à Mfum, en territoire nigérian.
L’objectif visé à terme par le projet est de renforcer la paix et la confiance retrouvée entre le Cameroun et le Nigéria, faciliter les échanges entre les deux pays et contribuer à l’intégration régionale par le rapprochement des deux communautés économiques régionales que sont la CEDEAO et la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC).
Parmi les nombreux avantages que comporte le projet, la mission de supervision de haut niveau a pu constater des routes bien faites qui permettent une très nette amélioration des conditions de circulation, d’où des gains en matière de temps, de sécurité et de confort pour les usagers de chaque côté de la frontière entre le Nigéria et le Cameroun.
En outre, des actions concrètes ont été menées en matière de lutte contre la pauvreté des populations des régions concernées, ainsi que des opérations de sensibilisation sur le paludisme et le VIH/sida notamment, sans oublier la facilitation d’un brassage plus important des peuples vivant de part et d’autre de la frontière.
Une visite de terrain permet en effet de noter d’autres avantages liés à la mise en œuvre du programme, parmi lesquels une diminution du coût du transport et l’accroissement du trafic routier, sans oublier un accès plus facile et plus sécurisé des populations aux établissements scolaires, sanitaires, services publics, marchés, etc.
De plus, on remarque une multiplication et une diversification des activités tant dans le domaine agricole qu’en matière d’habitat et d’hôtellerie, contribuant ainsi à réduire le chômage, améliorer les conditions de vie et de travail des femmes, accroître les revenus des populations et réduire de façon significative la pauvreté.
Pour y arriver, chacun des deux Etats a pris en charge, avec l’appui de partenaires, sa composante nationale, à savoir l’aménagement de 203 kilomètres entre les localités camerounaises de Bamenda et d’Ekok, et des 240 kilomètres séparant Enugu et Mfum au Nigéria, soit un total de 443 kilomètres que l’équipe a parcourus dans les deux sens.
Elle a ainsi pu constater qu’à côté de l’infrastructure routière, et avec pour but d’accroître l’impact socioéconomique du projet, des aménagements connexes sont programmés ou sont en cours de réalisation dans chaque pays, notamment la construction de stations de pesage, de hangars de marchés, d’unités de transformation de produits agricoles, de salles de classe, etc.
Si les travaux d’aménagement de la route Enugu-Mfum sont terminés, ceux de la partie camerounaise, pour leur part, en sont à 92% de réalisation et devraient s’achever avant la fin de l’année en cours, assurent les autorités. Pendant ce temps, les aménagements dits connexes en sont à 98% de taux de réalisation.
En ce qui concerne la composante commune que constitue la construction du pont sur la Cross River à la frontière entre les deux pays, les études sont en cours d’achèvement, tandis que la composante régionale, à savoir la construction du PCJ à Mfum, les études sont à présent achevées.
Sur ce dernier point, l’appel d’offres international en vue de sélectionner l’entreprise devant réaliser les travaux a été publié le 28 avril 2015 en accord avec les deux pays, et les ingénieurs et autres techniciens des futures sociétés soumissionnaires se sont rendus en masse sur le site à l’invitation de la CEDEAO.
Visiblement intéressés par le projet, ils ont pu se faire une idée précise de l’étendue de la tâche en prenant des notes et en posant des questions auxquelles ont répondu les agents du département des Infrastructures de la CEDEAO, MM. Maliki et Fatty, qui les ont beaucoup sensibilisés sur le nécessaire respect des procédures d’appel d’offres.
Avec la réalisation prochaine du PCJ de Mfum, la CEDEAO renforcera son expérience dans ce domaine en construisant, pour la première fois, ce type d’ouvrage entre un de ses Etats membres et un pays situé en dehors de son espace géographique, en l’occurrence le Cameroun, membre clé et porte d’entrée de la CEEAC.
Comme l’a rappelé M. Maliki au cours de la mission, l’existence d’un poste de contrôle juxtaposé permet de supprimer les obstacles au commerce, réduire la pauvreté par l’amélioration des services de transport régionaux et en limiter les coûts en vue de favoriser l’intégration économique régionale.
Consciente de l’importance de cet enjeu, la CEDEAO a, au cours d’une réunion ministérielle tenue début mai 2015 dans la ville ghanéenne de Takoradi, levé les derniers obstacles pour le démarrage effectif des travaux de construction du PCJ d’Elubo/Noé, à la frontière entre le Ghana et la Côte d’Ivoire.
Situé aux confins de la localité ghanéenne d’Elubo et de celles de Noé, en Côte d’Ivoire, ce projet sera à terme le cinquième poste de contrôle juxtaposé de l’espace CEDEAO après ceux de Cinkansé (Togo/Burkina Faso), Malanville (Bénin/Niger), Sémé (Bénin/Nigéria) et Noépé (Ghana/Togo).
A noter qu’outre la Banque mondiale et la Banque africaine de développement, les autres partenaires techniques et financiers qui sont intervenus dans le financement du projet de corridor routier entre le Nigéria et le Cameroun sont le Fonds africain de développement et l’Agence japonaise pour la corporation internationale (JICA).
Direction de la Communication |