Opérationnaliser le dispositif régional d’autorisation de mise sur le marché des médicaments vétérinaires
26 Juin, 2023L’épineuse question des autorisations de mise sur le marché des médicaments vétérinaires (AMM) dans la région a été débattue à Abidjan (Côte d’Ivoire) du 20 au 22 juin 2023 au cours d’un atelier régional organisé par le Centre régional de santé animale (CRSA) de la CEDEAO, à travers la composante « Amélioration de la santé animale et contrôle des médicaments vétérinaires » du Projet régional d’appui au pastoralisme au Sahel, Phase 2, financé par la Banque mondiale. Les échanges dudit atelier ont permis au CRSA de collecter des avis importants pour accélérer le processus d’opérationnalisation du dispositif régional existant.
La multiplication des médicaments contrefaits ou de qualité douteuse, le développement anarchique des réseaux informels de distribution de médicaments et la croissance de l’antibiorésistance dans la région ont atteint un niveau tel que la CEDEAO est dans l’obligation de multiplier les efforts pour assainir le secteur. L’élevage constitue un des piliers de l’économie régionale. La population animale représente, en effet, plus de 75 millions de bovins et plus de 300 millions de petits ruminants et constitue une source d’emplois et de revenus pour plus de 25 millions de personnes en Afrique de l’Ouest.
Cet enjeu, la CEDEAO l’a bien compris et recherche l’engagement des Etats membres et de toutes les parties prenantes pour parvenir effectivement à un système centralisé, unique et harmonisé d’AMM car la plupart des maladies animales sont transfrontalières.
Dans cette perspective, les personnes ressources et les membres du Comité vétérinaire régional (CRV) venus des 15 Etats membres de la CEDEAO (excepté le Burkina Faso, la Guinée et le Mali) plus la Mauritanie et le Tchad, notamment les directeurs des services vétérinaires et les présidents des ordres vétérinaires, ont fait le tour de la question et formulé des solutions concrètes d’amélioration de l’importation et de la commercialisation des médicaments vétérinaires dans la région sans oublier la gestion des médicaments dits « orphelins » ou à « marché limité ».
Au niveau régional, les experts recommandent, entre autres, à la CEDEAO de (i) recruter dans les meilleurs délais, du personnel pour animer le système centralisé d’AMM et de gestion des médicaments vétérinaires, (ii) prendre des textes d’application pour les règlements relatifs à la pharmacie vétérinaire, (iii) vulgariser et faire appliquer les règlements y relatifs et (iv) inscrire une ligne budgétaire pour le fonctionnement du dispositif centralisé d’AMM et de gestion des médicaments vétérinaires à partir de 2024. La question d’AMM étant mieux abordée depuis des années au sein de l’espace UEMOA, la CEDEAO est également encouragée à renforcer la collaboration avec la Commission de l’UEMOA afin d’apprendre de son expérience en matière de gestion des médicaments vétérinaires.
Au niveau national, les Etats devront (i) transmettre, régulièrement et dans les délais, leur état de mise en œuvre des recommandations issues des réunions du Comité vétérinaire régional, (ii) diffuser largement les textes réglementaires de la CEDEAO relatifs à la pharmacie vétérinaire et (iii) s’engager plus dans la sensibilisation des acteurs impliqués dans la gestion du médicament vétérinaire à l’application des textes du cadre réglementaire régional.
Les enjeux du médicament vétérinaire étant essentiellement ceux de santé animale, de santé publique et de développement socio-économique, l’appel de l’atelier d’Abidjan à la CEDEAO est celui de renforcer le cadre règlementaire existant et de passer à sa mise en œuvre pour être en conformité avec les normes internationales en vigueur.
Pour la conseillère technique Madame FADIGA Haida née Diarrassouba qui a représenté le ministre des Ressources animales et halieutiques de Côte d’Ivoire à l’ouverture et à la clôture de l’atelier, « avec la libéralisation du commerce international et l’ouverture des marchés, la région doit mettre davantage l’accent sur la professionnalisation des acteurs, le renforcement des capacités des ressources humaines publiques et privées et sur la qualité des médicaments vétérinaires ».
La Commission de la CEDEAO réitère sa détermination à être aux avant-gardes de la santé publique et de la protection des populations. A travers le CRSA, elle poursuivra et renforcera ses actions de coordination et d’appui aux Etats membres avec l’appui de ses partenaires afin d’accélérer le processus d’opérationnalisation du dispositif régional d’autorisation de mise sur le marché des médicaments vétérinaires et mieux faire face ainsi à la prévention et au contrôle des maladies animales dans la région.
Pour rappel, la mission principale du CRSA est de contribuer à la lutte contre la pauvreté et l’insécurité alimentaire en améliorant la santé animale et le développement continu de la production animale au double niveau national et régional.